Livre des Mutations
Ce livre canonique contient 64 figures généralement appelées hexagrammes car elles sont formées de six lignes interrompues (阴 Yin) ou pleines (阳 Yang). Ces 64 hexagrammes représentent toutes les situations possibles des êtres au cours des mutations de l’univers.
I. Les deux Yi (两仪)
Le mouvement primordial 易I
se manifeste dans le 太极 Taiji (Faîte
Suprême) selon deux modalités 阴 Yin
et 阳 Yang.
Le Yin est le repos, l’aspect terrestre, obscur,
féminin, passif. Il est représenté par une ligne interrompue - -. Le
Yang est l’activité, l’aspect céleste, lumineux, masculin. Il est représenté par une ligne pleine —. Ce sont les deux仪 Yi généralement et assez improprement appelés
"principes".
II. Les quatre Xiang (四象)
1.
Genèse
Les deux Yi engendrent les quatre 象 Xiang.
Deux d’entre eux sont obtenus en ajoutant une ligne Yin sous chacun des deux
Yi. Ce sont le = =太阴 Taiyin et le少阴 Shaoyin. Les deux autres sont obtenus en ajoutant une ligne Yang sous chacun
des deux Yi. Ce sont le 少阳 Shaoyang
et le ==太阳 Taiyang.
2. Ordre
Logique abstrait
L’ordre Taiyin, Shaoyin, Shaoyang, Taiyang, obtenu lors de la
genèse des quatre Xiang à partir des deux Yi, est l’ordre logique abstrait allant
de l’apogée du Yin à l’apogée du Yang.
3. Ordre cosmique concret
Ces quatre Xiang représentent les aspects de l’univers en mouvement,
du continuum espace-temps. On les dispose selon l’ordre cosmique concret. Le
Shaoyang représente le feu, le soleil montant, l’est, le printemps. Le Taiyang
représente le ciel, le soleil de midi, le sud (chaud), l’été. Le Shaoyin représente
l’eau, le soleil déclinant, l’ouest, l’automne. Le Taiyin représente la terre,
le soleil couché, le nord (froid), l’hiver. Cet ordre représente la montée et
le déclin de la puissance vitale, concentrée dans le soleil et symbolisée par
lui.
III. Les huit Trigrammes (八卦)
1. Genèse
Les quatre Xiang engendrent les huit trigrammes ou 八卦
Bagua. Quatre d’entre eux sont obtenus en ajoutant une ligne Yin sous chacun
des quatre Xiang. Ce sont 坤 Kun 艮 Geng 坎 Kan 巽 Xun.
Les quatre autres sont obtenus en ajoutant une ligne Yang
sous chacun des quatre Xiang. Ce sont 震 Zhen 离 Li 兑 Dui 乾 Qian.
2. Ordre logique abstrait
L’ordre des huit trigrammes
engendré à partir des quatre Xiang est l’ordre logique abstrait allant de
l’apogée du Yin à l’apogée du Yang. Si on le renverse, on obtient
l’ordre logique abstrait de l’apogée du Yang à l’apogée du Yin.
3. Vérification
mathématique de l’ordre logique des huit trigrammes
Leibnitz a reconnu que les figures
du Livre des Mutations, basées sur les diverses combinaisons de deux éléments
- - et —, lui suggérèrent le système de calcul binaire (système dyadique),
basé sur deux éléments comme 0 et 1.
En appliquant ce système de calcul aux huit trigrammes, on peut démontrer mathématiquement
quel est l’ordre abstrait de croissance. On symbolise les lignes Yin par 0 et
les lignes Yang par 1. On commence ainsi avec trois 0 représentant le trigramme
purement Yin et ensuite , à chaque fois, on ajoute 1 (1+1 étant un maximum équivaut
à 10). On obtient ainsi de façon certaine l’ordre de croissance du Yang.
L’opération donne les résultats suivants :
000 |
001 |
010 |
011 |
100 |
101 |
110 |
|
+1 |
+1 |
+1 |
+1 |
+1 |
+1 |
+1 |
|
000 |
001 |
010 |
011 |
>100 |
101 |
110 |
111 |
II |
II |
II |
II |
II |
II |
II |
II |
|
|
|
|
|
|
|
|
L’ordre mathématique ainsi obtenu correspond exactement à l’ordre logique Yin-Yang des huit trigrammes engendré à partir des quatre Xiang.
4. Ordre cosmique concret
Les huit trigrammes représentent avec précision les aspects
de l’univers en mouvement, du continuum espace-temps. On les dispose selon l’ordre
cosmique concret. C’est l’ordre traditionnellement attribué à 伏羲
Fuxi.
Cet ordre va du début de l’augmentation de l’activité du Yang
à l’apogée du Yang, puis suit la diminution de l’activité du Yang jusqu’à
l’apogée du Yin. Cet ordre est celui des quatre derniers trigrammes de l’ordre
logique Yin-Yang suivis des quatre derniers trigrammes de Yang-Yin. L’ordre
logique abstrait représente une croissance continue. L’ordre cosmique concret
représente l’apparition, la montée, le déclin et la disparition de la puissance
vitale concentrée dans le soleil. C’est la représentation du cycle concret de
la vie.
IV. Les 64 Hexagrammes
1. Genèse des Hexagrammes à partir des trigrammes
Les huit trigrammes, en se combinant deux par deux,
engendrent (8x8) les 64 hexagrammes. Il y a différentes possibilités de consulter
ces combinaisons aboutissant à des ordres divers qui peuvent servir, à leur
tour, pour analyser les rapports multiples des hexagrammes entre eux.
2. Genèse des
Hexagrammes à partir des lignes
On peut élaborer les figures des
64 hexagrammes non plus en combinant de diverses façons les huit trigrammes,
mais en ajoutant les lignes une par une. On établit une division générale
entre le côté Yin et le côté Yang.
L’élaboration des 64 hexagrammes à partir des lignes peut s’effectuer selon
une autre méthode. On part des deux Yi. On ajoute alternativement une ligne
Yin et une ligne Yang au-dessus de chacun d’eux. On obtient les quatre xiang.
A nouveau on ajoute une ligne Yin et une ligne Yang au-dessus de chacun d’eux.
On obtient les huit trigrammes disposés selon l’ordre logique Yin-Yang.
3. Les 64
Hexagrammes dans le Livre des Mutations actuel
Le 周礼
Zhou Li (Les
Rites des Zhou) déclare que le Grand Devin (太卜
Taibu) est en charge des "Trois Yi" (三易
San Yi), trois systèmes des Mutations appelés
连山
Lianshan,
归藏
Guicang,
周易 ZhouYi. A l’époque des Han orientaux, le commentateur Zhengxuan explique que
le premier système, utilisé sous les Xia, commençait par l’hexagramme Geng,
composé de deux trigrammes Geng représente la montagne, et était appelé Lianshan "Chaîne de Montagne" ; le second système, utilisé sous les Shang, commençait
par l’hexagramme Kun, composé de deux trigrammes Kun représentant la terre,
et était appelé Guicang "Retour à l’Abri" de la mère Terre à qui retournent
les dix mille êtres ; le troisème système, utilisé sous les Zhou, commençait
par l’hexagramme Qian, composé de deux trigrammes Qian représente le ciel et
était appelé Zhouyi, Les Mutations des Zhou. (Voir Xia, Shang, Zhou dans
les Dynasties
chinoises)
On a trouvé aucune trace des trigrammes ou des hexagrammes dans les inscriptions
sur carapaces de tortue et os de la fin des Shang. Les hexagrammes ont été élaborés
plus tardivement sous les Zhou. Les premières explications très brèves ont été
suivies de commentaires qui se sont accrus progressivement au cours des âges.
Ce sont les 十翼
Shiyi (Les Dix
Ailes), les deux 彖传 Tuanzhuan,
les deux 象传
Xiangzhuan, les
deux 读传 Duzhuan ou 系辞传
Xicizhuan, le 文言 Wenyan, le 说卦
Shuogua, le 序卦
Xugua, le 杂卦
Zagua.
Le développement des spéculations
a amené divers remaniements de l’ordre des 64 hexagrammes. L’ordre actuel,
traditionnellement attribué à Wenwang, le roi Wen de Zhou, est manifestement
postérieur et ne correspond plus à l’ordre original. Pour l’interprétation
des hexagrammes, il est nécessaire de se reporter à l’ordre logique, mathématiquement
vérifié, qui indique de façon exacte la proportion entre l’action du Yin et
celle du Yang, et à l’ordre cosmique basé sur l’ordre primitif (attribué
à Fuxi) des huit trigrammes (ceux-ci ont enduite été rangés, pour les
besoins de la spéculation, selon des ordres différents).
4. Tableau comparatif des 64
Hexagrammes
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